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Chronique en séries : Transparent

Comme chaque mardi, un membre de BetaSeries vous parle d’une série chère à son cœur ! Vous voulez être un des premiers à publier votre chronique en 2018 ? Envoyez simplement un e-mail à marie@betaseries.com avec la série que vous souhaitez présenter, et le tour est joué ! Votre chronique sera ensuite publiée sur le blog et relayée sur les réseaux sociaux de BetaSeries. De quoi trouver de l’inspiration et peut-être découvrir votre prochaine série coup de cœur !

Cette semaine, retrouvez la chronique de Perghame qui vous présente Transparent !


En tant que dévoreuse de série un peu condescendante, je n’aurais jamais imaginé que le supplément de la dépêche du dimanche (…nordites!) ouvert au hasard devant la cheminée de mes grands-parents puisse m’apprendre quoi que ce soit. Pourtant j’ai lu le pitch de la série Transparent (diffusée par Amazon). J’ai gardé le nom en tête, oublié le pitch et alors que j’étais à court de trucs à regarder, je l’ai lancée. Partant de là, je vous demande de me faire confiance. Si vous ne connaissez pas cette série, arrêtez immédiatement votre lecture, courez regarder le pilote et revenez après.

Pour ceux qui connaissent, qui en ont déjà entendu parler, qui sont sceptiques, ou qui ne font juste pas spontanément et aveuglément confiance à une personne au pseudo inconnu qui poste des trucs sur un site random (si le site est doctissimo, ça peut être judicieux de continuer à vous méfier ceci dit…), pour tous ceux là donc, j’espère que ce qui va suivre vous convaincra. Je vais essayer de pas trop spoiler et en même temps c’est compliqué, vous n’aviez qu’à me croire dés le début.

Transparent donc, c’est un habile jeu de mot qui parle à la fois d’identités et de la façon dont on les ignore, les invisibilise parce qu’elles ne nous conviennent pas, et plus concrètement qui parle d’un parent trans(genre).

Transparent suit la vie chaotique d’une famille juive très aisée vivant à Los Angeles. À 70 ans, Maura Pfefferman décide enfin d’annoncer à ses trois enfants qu’elle a été assignée homme par erreur à la naissance et qu’elle leur a caché son véritable genre toutes leurs vies. On découvre alors une galerie de personnages tous plus hauts en couleur les uns que les autres.

Comme si cet aveu libérait une parole, chacun se mettra à questionner les sources familiales de ses problèmes sentimentaux : secrets, non-dits, égoïsme, intrusions, traumatismes… Jill Soloway, la showrunneuse, dresse des portraits de personnages attachants et intimistes. La série repose en partie sur son ambiance sonore très réaliste : il y a peu de musique et elle est belle et bien placée. Le reste du temps, les répliques superposées de personnages qui ne s’écoutent pas font office de bande sonore. Ces dialogues, toujours au cordeau, ont un aspect superficiel et une profondeur sans nom. Ils révèlent subtilement ce qui se joue de drame psychologique. On pourrait probablement réaliser tout un mémoire sur l’importance de la parole dans cette série : son symbolisme religieux (la judaïté et ce que ça implique culturellement sont beaucoup questionnés), ce qui est formulé, ce qui est tu, ce qui est entendu, ce qui est ignoré, etc etc.

La première saison de Transparent appuie donc sur le parcours de Maura qui apprend enfin à s’assumer en tant que femme, la seconde appuie sur les questions féministes, la troisième aborderait plus les traumatismes passés, la dernière enfin, délocalisée en Israël montre clairement le poids des traditions. Cette dernière saison, en illustrant à la fois à petite et grande échelle ce schéma de reproduction des violences est certainement la plus magistrale. On ne sait à quoi s’attendre avec la cinquième saison, surtout après le départ de l’acteur principal Jeffrey Tambor. Le talent de Jill Soloway, qui a réussi à réaliser une série magistrale jusque là, permettra, j’espère, de faire encore quelque chose de formidable et inattendu, quelque chose qui nous émouvra et nous fera rire en même temps, quelque chose de juste.

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Maretoh