The Son of Kong

On sait que le genre du fantastique animalier est un genre extrêmement périlleux. En dehors de Godzilla, de King Kong et de son remake de 1976, peu de films du genre valent réellement le coup d’œil attentionné. Fausse suite de King Kong, Le fils de Kong en est la preuve. Avant même de parler du film, quelques points doivent être énumérés pour comprendre en quoi "Le fils de Kong" ne pouvait être que décevant : - A la fin du premier King Kong, les aviateurs tuant Kong étaient joués par les deux réalisateurs eux-même, afin de symboliser le point final de l'oeuvre. On ne trouvera d'ailleurs à la réalisation du Fils de Kong qu'un seul de ces deux réalisateurs; l'autre ayant eu la bonne idée de ne pas participer à cette "fausse suite". - King Kong ayant renfloué les caisses de la société de production RKO (à qui on devra 8 ans plus tard le mythique Citizen Kane), le Fils de King Kong fut réalisé dans la foulée en seulement 8 mois, avec 2 fois moins de budget. - La RKO, ayant décidé de "ratisser large", commanda Le fils de Kong en demandant un film plus grand public, plus familial, afin de - cette fois-ci - ne pas manquer de faire les poches aux enfants, en plus des parents. Ces trois paramètres présageaient déjà une suite de mauvaise augure. Le manque de budget est fortement ressenti : la modélisation des giant monsters laisse à désirer (hormis Kong Son, tout de même mieux réussi que les autres), l'aventure ne démarre que très tardivement, les décors sont peu nombreux et réutilisés plusieurs fois (sans même changer d'angle de caméra, car certainement tournés dans la foulée puis découpés au montage à la va-vite). Il y a tout de même deux problèmes bien plus importants encore que ceux-ci : le scénario, et l'animation. Le film ayant été tourné dans la précipitation dans le but de tirer encore un peu plus sur la ficelle de King Kong - on pourrait, en ça, aisément qualifier "Le fils de Kong" de film d'exploitation - le scénario est une pâle copie de l'original, à quelques rares évènements et nœuds scénaristiques près. Cette fausse suite est en fait un remake tout public du premier King Kong. Quant à l'animation, on sent qu'elle a été travaillée plus rapidement que sur King Kong. Certains combats sont moins fluides encore que dans l'original, pourtant pas exemplaire non plus de ce côté. Là où le procédé de stop-motion nécessite que les mouvements soient décomposés en 25 images par seconde pour atteindre un niveau de fluidité acceptable par l’œil, on sent qu'ici le nombre d'images/seconde de certaines scènes a été vu au rabais, certainement faute de temps. La seule chose qu'a vraiment réussi la RKO avec ce film - et c'est la raison de mes 2 étoiles - c'est d'avoir revu le mythe de King Kong sous un angle familial : prétendue chasse au trésor, combats de monstres sans barbarie, zeste d'humour, musique légèrement cartoonesque lors de certaines scènes, et modélisation assez enfantine du fils de Kong (modélisation la plus réussie du film... et qui fera penser aux plus jeunes à Donkey Kong !). Mais voilà, autre gros problème : cette ambiance nait vraiment lors de la seconde partie du film ! La première partie reste, quant à elle, très sérieuse, et s'encanaille plus à desservir les clichés coloniaux de l'époque qu'à distraire les enfants. Et pour couronner le tout, on s'ennuie ferme lors de ces premières 30 minutes. Avec Le fils de Kong, la RKO a agi en vrai Roger Corman avant l'heure, et elle en a récolté le fruit : à faible film, faible accueil !

Suite précipitée, fauchée et un peu honteuse du mythe original.