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The Eddy (Netflix) : le jazz à Paris par Damien Chazelle

Le pitch

Autrefois célèbre pianiste de jazz new-yorkais, Elliot Udo est désormais le patron de The Eddy, club ayant connu des jours meilleurs. Il y dirige un orchestre où se produit la chanteuse Maja qui est aussi sa petite amie occasionnelle. Tandis qu’Elliott découvre que son associé Farid est sans doute impliqué dans une affaire douteuse, d’autres secrets éclatent au grand jour qu’Amira , la propre épouse de Farid, ignorait. Et quand la fille d’Elliot, Julie, adolescente perturbée, débarque soudain à Paris pour vivre avec son père, l’univers personnel et professionnel de celui-ci s’effondre peu à peu. Car il doit affronter les fantômes du passé tout en se démenant pour sauver le club et protéger ceux qui lui sont chers.

Showrunner : Jack Thorne (His Dark Materials)

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La critique

The Eddy, c’est au départ l’histoire d’un club de jazz plutôt bien fréquenté au coeur de Paris. C’est aussi, et surtout, l’histoire du groupe qui s’y produit. Mené par la chanteuse Maja (Joanna Kulig révélée dans le film Cold War de Pawel Pawlikowski, aussi tourné à Paris), ce groupe et sa musique seront au coeur des 8 épisodes de la minisérie. Alors qu’on nous introduit peu à peu à ce monde, The Eddy nous montre sa facette la plus réjouissante dans un premier épisode réalisé par Damien Chazelle (qui est aussi producteur exécutif). La mise en scène fait le pari du réalisme avec un refus de stylisation : avec une caméra constamment à l’épaule qui suit les personnages de prés, l’émotion doit partir de ces acteurs et de la musique. Mais quand une sombre histoire de gangs s’immisce, alors The Eddy se perd totalement.

On se demande alors pourquoi Jack Thorne s’est efforcé d’insérer une intrigue policière à une telle série. Surtout quand son traitement est chaotique et peu convaincant, pas aidé par des personnages de policiers caricaturaux. On a du mal à s’intéresser à cette ligne narrative persistante puisqu’en plus de son exécution pauvre, on peine à en saisir le but dans cet entremêlement de destins tous liés par le jazz. C’est d’autant plus dommage quand on a un acteur comme André Holland (Moonlight), s’efforce de faire de son mieux dans des situations répétitives manquant cruellement de tension. Car l’autre projet, est sûrement le plus important de The Eddy, c’est de nous parler de ses personnages et de leur rapport à la musique.

Pour embrasser totalement un format sériel, The Eddy centre chacun de ses épisodes sur un personnage. Que ce soit la chanteuse Maja, la fille de Elliot ou encore le joueur de contrebasse Jude, on suit tous les membres du groupe et leur entourage dans leurs épreuves personnelles. La série prend alors l’angle du récit social, abordant des thèmes comme l’addiction, la carrière ou la maladie, toutes reliées d’une manière ou un autre à la musique. L’intention est intéressante, surtout quand on voit le jazz comme une constante salvatrice qui à l’instar de la méditation, permet de mettre ses maux de côté et de se concentrer sur l’essentiel. Malheureusement, on assiste à des scènes et histoires déjà vues, aux dialogues assez pauvres, qui restent entrecoupées par cette intrigue policière dont on vous a déjà conté les écueils. On se demande alors quelle autre série aurait pu être The Eddy si elle avait décidé de proposer une véritable fable sociale autour de la musique.

1 saison de 8 épisodes
Durée totale de visionnage : 7 heures et 20 minutes

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Published by
Hugo Clery