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The Nevers (OCS) : le X-Men au féminin par Joss Whedon

The Nevers est une création originale de Joss Whedon, créateur de séries cultes comme Buffy, Angel ou encore Firefly. Dans un Londres victorien de la fin du XIXème siècle, de nombreuses femmes (et quelques hommes) se retrouvent dotées d’afflictions particulières qui prennent la forme de super pouvoirs. Ce groupe, surnommé les « Touchés », vit sous l’oppression d’une opinion publique défavorable et un gouvernement très méfiant face au danger potentiel de ces « surfemmes » en puissance.

Nous enfonçons des portes ouvertes en vous disant qu’on est ici dans un X-Men mélangeant l’ambiance de l’ère victorienne à l’esthétique steampunk. La série raconte à sa façon le schisme entre humains et « mutants », un conflit en devenir qui s’envenime lorsqu’un danger considérable pèse sur tous les touchés de Londres. Amalia et Penance se lancent dans une enquête pour lever le voile sur une conspiration qui semble dépasser tout ce qu’elles auraient pu imaginer.

On suit ainsi deux femmes, Amalia True (Laura Donnelly) et Penance Adair (Ann Skelly) à la tête d’un orphelinat qui recueille les touchés marginalisés en leur donnant un foyer et une raison de vivre. La série est clairement portée par ce duo à l’alchimie manifeste : Laure Donnelly (Outlander) incarne ici un personnage à la lisière de l’anti-héroïne, qui est investie malgré elle dans une mission dont elle ne peut se détourner. Ann Skelly, qui joue son adjointe Penance, est la révélation de la série avec ce personnage qui, grâce à sa capacité à « voir » l’électricité, est l’inventrice en chef, une sorte d’agent Q au féminin qui n’aura de cesse de proposer de nombreux gadgets pour mener à bien leur enquête. Elle est aussi un support indéniable pour Amalia, tout comme une force de contradiction qui l’aide à garder le cap dans une tâche qui mettra à mal son compas moral.

© 2021 Home Box Office, Inc.

The Nevers brille globalement sur tout son casting. Mention aussi à Pip Torrens (Tommy Lascelles dans The Crown), qui enveloppe chaque scène de son charisme, visiblement très habile dans l’art de la joute verbale. Parlons-en d’ailleurs : comme à son habitude, le talent de dialoguiste de Joss Whedon fait encore ici son effet. L’art du bon mot semble être partagé par tous les personnages : les répliques fusent et chaque dialogue semble viser la fulgurance infaillible.

Mais voilà, la série subit les conséquences de sa boulimie narrative : l’histoire lance ainsi toute une série d’intrigues et de sous intrigues, portées par différentes factions et personnages, qui semblent tous un lien plus ou moins clair avec le danger imminent. La faute à un nombre impressionnant de personnages qui ne semblent pas avoir suffisamment de temps à l’écran pour être développés (malgré des épisodes de plus d’une heure pour certains).

© 2021 Home Box Office, Inc.

Le rythme s’en voit donc haché avec une intrigue principale qui semble s’éparpiller au lieu de captiver sur ces quatre premiers épisodes projetés à la presse. La série a dû être divisée en deux parties : 6 épisodes seront diffusés jusqu’à mai et quatre autres arriveront plus tard dans l’année, une scission en partie due à un changement de showrunner.

Suite au départ de Joss Whedon en novembre dernier, c’est donc la productrice Philippa Goslett qui prend le relais en supervisant toute la postproduction de ces 6 premiers épisodes ainsi que le tournage des quatre restants. Si ce type de changement en cours de route n’est jamais bon signe pour une série, The Nevers est suffisamment prometteuse malgré ses défauts pour qu’on soit curieux d’en voir le dénouement.

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Published by
Hugo Clery