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«Parlement» : la satire politique de france.tv fait mouche

Nous avons eu accès à la série dans le cadre de notre partenariat avec france.tv avec une liberté totale dans la rédaction de cet article.

C’est le pari de Parlement, la première production exclusivement dédiée à la plateforme de streaming france.tv. On suit Samy (Xavier Lacaille) qui fait ses débuts en tant qu’attaché parlementaire à Bruxelles alors que le Brexit vient d’être adopté. Il assiste un député, Michel (Philippe Duquesne), au comble de l’incompétence alors qu’il lui faudra faire adopter un amendement sur la pêche. Pas aidé par son supérieur, il devra donc trouver lui-même son chemin dans ce dédale bureaucratique et diplomatique qu’est le parlement européen, avec son lot de coups bas et manœuvres politiques douteuses.

Si Parlement est diffusée exclusivement sur la plateforme france.tv, elle reste une co-production européenne entre la France, l’Allemagne et la Belgique. C’est évidemment un avantage quand la série traite de l’Union européenne, car elle facilite la présence d’acteurs de différentes nationalités. En plus de Xavier Lacaille (qui parle français et anglais), on retrouve l’actrice britannique Liz Kingsman (qu’on a pu voir dans Borderline sur Channel 5) ou encore Lucas Englander, acteur autrichien qui a décroché des rôles dans The Witcher ou encore Catherine the Great sur HBO. Ils forment un trio d’attachés parlementaires qui relèvent chacun les défis de leurs supérieurs : Rose doit gérer sa députée britannique stupide, mais plutôt attachante, au lendemain de l’annonce du Brexit alors que Torsten est complice des manigances de sa boss allemande à la moralité franchement limite.

La série a été créée par Noé Debré, co-scénariste sur Dheepan de Jacques Audiard ou Le Monde est à toi de Romain Gavras. Pour gagner en crédibilité, il est accompagné de Maxime Calligaro et Pierre Dorac, deux auteurs qui ont travaillé plusieurs années dans les institutions européennes et qui se dédient maintenant à l’écriture pour la télévision. On sent ainsi une vraie volonté de coller au plus proche de la réalité tout en restant humoristique, car c’est le défi de la série : être drôle et pédagogique à la fois. De ce côté là, l’équilibre est plutôt bien trouvé entre les deux tonalités, grâce au personnage de Samy qui sera notre point d’ancrage pour découvrir tous les rouages de ce milieu.

D’entrée de jeu, le côté humoristique de Parlement découle de sa nature internationale. La partition de Xavier Lacaille (qu’on recevra bientôt dans EntourageS sur BetaSeries La Radio) fait beaucoup penser à celle de Éric Judor dans Platane alors que la série semble imprégnée d’un humour british rafraîchissant. On se prête à rire sur l’incompétence de certains et l’ironie de cette farce politique : le Brexit en prend pour son grade, tout comme Facebook et consorts dans leurs liens avec la sphère politique. Certains gags manquent cependant de subtilité, en jouant grossièrement sur différents clichés pour appuyer la satire.

La série se permet parfois des moments plus sérieux, dénonçant la position des cyniques de l’Union européenne, notamment lors d’un monologue qui est une référence directe au film La 25ème heure de Spike Lee. Le projet n’est cependant pas de dénoncer, mais de « donner un visage à l’Europe, à ce Parlement tant critiqué, mais dont les peuples, pour la plupart, ignorent tout » comme le déclarait Noé Debré chez CNEWS.

Parlement réussi donc l’exploit de nous faire rire avec une série située au parlement européen. Si elle accuse quelques petites longueurs, elle manie bien sa gymnastique narrative au fil de ses 10 épisodes, notamment grâce à des personnages attachants : chacun vient avec sa propre identité, son humour à lui alors qu’ils vont au fur et à mesure tisser des liens malgré leurs nationalités conflictuelles sur le plan politique. Une vraie Auberge Espagnole à la sauce 2020.

La série est à visionner dans son intégralité sur la plateforme france.tv.

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Published by
Hugo Clery