Aujourd’hui marque le début du festival Série Series dont l’édition 2020 se déroule intégralement en ligne du 30 juin au 2 juillet. À cette occasion, nous avons pu poser quelques questions à l’un de ses invités de marque, le réalisateur et producteur Edward Berger. Révélé ente autres pour son travail sur la fantastique série allemande Deutschland 83, qui a remporté de nombreux prix à travers le monde, Edward Berger est désormais un homme occupé.
En 2018, il traverse l’Atlantique pour réaliser trois épisodes de la série The Terror (AMC) produite par Ridley Scott. La même année, il met en scène les cinq épisodes de la mini-série Patrick Melrose (Showtime) avec Benedict Cumberbatch, un travail qui lui vaudra une nomination aux Emmy Awards en tant que meilleur réalisateur.
Actuellement en pleine post-production pour Your Honor, sa prochaine série avec Bryan Cranston (Breaking Bad), Edward Berger a répondu à nos questions.
Comment avez-vous géré le bon équilibre entre votre rôle de producteur et de réalisateur sur votre prochaine série, Your Honor ?
Ce sont deux métiers qui fonctionnent main dans la main. On ne devrait pas penser que la production ne s’occupe que des aspects économiques. En réalité, il existe des producteurs exécutifs fantastiques qui vous informent quand quelque chose est trop coûteux. Et alors (en tant que réalisateur – ndlr ) vous devez donc trouver des alternatives pour débloquer un jour dans le planning. Mais la vraie production est un métier hautement créatif. Il faut pouvoir trouver de nouvelles idées qui peuvent devenir des films ou des séries. Il faut aussi pouvoir développer un script, s’occuper du casting, du montage ou encore du choix de la musique. En Europe, le réalisateur guide toutes ces décisions, mais aux États-Unis, le producteur a beaucoup plus de marge de manoeuvre. En tout cas comme je me donne corps et âme dans tout ce que je fais, je n’aime de toute façon pas l’idée de travailler comme un simple sous-traitant. C’est très important pour moi d’être impliqué dans ces décisions du début à la fin.
Y a-t-il des procédés créatifs communs à réaliser des séries aussi différentes que Deutschland 83 et The Terror ?
Oui, absolument. Peu importe l’ampleur de l’histoire ou son contenu, je démarre toujours à partir des personnages. Pour moi c’est le coeur de tout bon film. En fonction du ton ou de l’atmosphère que l’histoire exige, je me plonge dans l’écriture du script ainsi que dans beaucoup de recherche visuelle. Je fais des recherches dans des livres d’art et de photographie ou bien de la recherche d’images sur internet pour me créer un véritable book inspirationnel pour chaque scène. Je partage ensuite tout le fruit de mes recherches avec les responsables de chaque département de production. Si j’ouvre à nouveau l’un de ces livres quelques années plus tard c’est toujours étonnant de voir à quel point ils sont proches du film terminé. Pour moi, cela sert vraiment d’outil de communication.
Pensez-vous que le développement des plateformes SVOD et des séries « internationales » est une opportunité pour les créatifs et quels sont dans ce contexte les conditions du succès ?
J’aime beaucoup comment ces plateformes ont permis aux gens de s’ouvrir au monde. On peut désormais regarder une série qui nous vient d’Inde ou de Chine, d’Australie ou d’Espagne ou encore du Chili. Et en même temps, nos séries européennes sont vues dans le monde entier. Je parle désormais à des scénaristes en Italie, au Royaume-Uni, aux États-Unis ou encore en Afrique du Sud dont j’ai vu le travail tout comme eux ont vu le mien. Ces collaborations internationales ne sont-elles pas merveilleuses ? Cela m’a vraiment ouvert l’esprit. Profiter de tout ce que le monde a à offrir est une énorme opportunité pour chacun d’entre nous. Mais pour ce qui est des conditions du succès, je ne le sais pas vraiment, je dirais juste de vous retrousser les manches et d’attaquer le travail.
Interview traduite de l’anglais.
Retrouvez Edward Berger en masterclass pendant l’édition en ligne du Festival Série Series du 30 au 2 juillet.