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Vanguard, l’industriel suédois qui a changé la face médiatique du pays

Présentée en compétition officielle au Festival de Télévision de Monte-Carlo, Vanguard (ou Stenbeck en version originale) signe l’une des propositions les plus ambitieuses de la sélection. La Suède ose enfin se confronter à l’un de ses personnages les plus fascinants et controversés : Jan Stenbeck avec Jakob Oftebro dans le rôle titre. Avec Vanguard, une mini-série en cinq épisodes coproduite par Viaplay et créée par Alex Haridi (scénariste sur Quickand ou Real Humans), le pays se plonge dans les méandres de la transformation numérique et médiatique des années 80-90… à travers les yeux d’un homme qui a tout changé.

«Il n’était même pas destiné à reprendre l’entreprise familiale », raconte Alex Haridi. « Mais il l’a fait. Et avec, il a changé toute la Suède.» Vanguard retrace la trajectoire de cet héritier inattendu de l’empire Kinnevik, qui va initier la révolution des télécoms, de la télévision par satellite et, plus largement, du capitalisme moderne scandinave. La série s’inspire d’une biographie non-fictionnelle, mais Haridi a tenu à aller plus loin que les faits : «Le livre m’a aidé pour les détails, les contrats… Mais pour comprendre qui il était, j’ai interrogé des gens qui l’ont côtoyé.»

Une narration en fragments, entre histoire et intime

Plutôt que de dérouler une biographie classique, Haridi a fait le choix de la narration par sauts temporels, façon The Crown. Chaque épisode se concentre sur une année clé (1977, 1981, 1983, 1987, 1991), avec ses enjeux politiques, économiques et surtout personnels. On entre dans la tête d’un personnage insaisissable, charismatique, parfois brutal, souvent génial, toujours en mouvement.

«Je voulais le début et la fin », confie le scénariste. « Et plutôt que de tout raconter, on s’est focalisés sur cinq moments où tout bascule.»

Ce choix donne à la série une dynamique très singulière : chaque épisode a sa propre atmosphère, son propre climax. Et même si certains faits ont dû être réarrangés (comme insérer une anecdote de 1983 dans l’épisode de 1981), l’ensemble reste fidèle à l’esprit du personnage. Tout ce qu’on voit à l’écran a bel et bien existé, même si parfois, les mots exacts ont dû être inventés.

«Personne ne sait ce qu’il disait à sa femme dans l’intimité. Mais on a tout fait pour que ça sonne juste.»

Une figure clivante, à la frontière du génie et de la provocation

En Suède, Jan Stenbeck divise. Pour certains, c’est un visionnaire. Pour d’autres, un destructeur de valeurs. « Il n’y a pas de demi-mesure », raconte Haridi. « Il est un peu notre Elon Musk à nous. Soit on l’adule, soit on le déteste. » Ce qui rend Vanguard passionnante, c’est précisément cette volonté de ne pas trancher. Le portrait reste nuancé, oscillant entre admiration et critique. Le show met en lumière son flair pour les affaires, sa capacité à anticiper les mutations du monde, mais aussi ses relations complexes, son rapport au pouvoir, et ses failles profondes.

Avec une telle vie, il était normal de ne pas pouvoir inclure toutes les petites anecdotes. « Une anecdote ne fait pas une histoire », tranche Haridi. « Il fallait toujours revenir à l’essentiel : raconter l’évolution de l’homme, pas compiler ses frasques. »

Vanguard n’a pour le moment pas de date de diffusion prévue chez nous.

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Published by
Charlotte DAUXERT