Malibu

Aucun doute sur le fait que The Deleted soit une passerelle entre divers bouquins de Bret Easton Ellis, bien qu'elle soulève aussi de nouvelles énigmes et de nouveaux questionnements. C'est juste incroyable de voir à quel point Ellis est redoutablement futé et ne laisse rien au hasard. À savoir qu'Ellis a achevé son oeuvre littéraire avec Suite(s) Impériale(s) en 2010 et s'est depuis uniquement consacré à l'écriture de scénarios pour le cinéma et la télévision. La série est aussi bel et bien largement inspirée de Moins Que Zéro, Glamorama mais aussi du recueil de nouvelles Zombies (The Informers en anglais). Zombies (1994) est sorti entre les livres American Psycho (1991) et Glamorama (1998) et bien qu'on sente que la plupart des nouvelles ont été écrites à la période Moins Que Zéro (1985) Ellis est un tel visionnaire que ce recueil de nouvelles est un chapitre indispensable car il créé une véritable passerelle entre les deux livres cités plus haut et leur sert aussi de transition. S'il y a aussi quelque chose qui revient sans arrêt dans chacun des livres d'Ellis et qui les relie tous entre eux ce sont les mots "disparaître ici" que l'on retrouve pour la toute première fois au travers du regard de Clay, le protagoniste de Moins Que Zéro sur un panneau publicitaire sur Sunset Boulevard, ces mots reviendront aussi sans arrêt durant des passages dit "de rupture" lorsque les protagonistes ne supportent plus ce qu'ils voient / entendent et que leur cerveau vrille les mots "disparaître ici" apparaissent entre deux phrases insoutenables. Dans la série il est sans arrêt question de disparition, de disparaître, le titre 'The Deleted" n'a d'ailleurs sûrement pas été choisi au hasard, de même que le lieu dans lequel prend place la série ; Los Angeles. Ellis prévoit de sortir prochainement un film intitulé "Disparaître ici", The Deleted en serait-il le prequel ? Ou encore une passerelle regorgeant d'énigmes ? Tout est possible. Dans tous les cas cet écrivain est incroyable et ne cessera jamais de me surprendre Logan est le nom du "vampire" qui se nourri de chair fraîche dans le recueil de nouvelles "Zombies", il est souvent accompagné par sa partner in crime, Breeda, dans la série elle est représentée comme étant un individu créé de toute pièce par "L'institut." L'institut revient sans arrêt dans Glamorama. Le fait que les protagonistes recherchent à fuir ce fameux institut est aussi lié directement au personnage de Victor Ward dans Glamorama qui cherche à tout prix à fuir l'organisation terroriste de laquelle il pense avoir été fait "prisonnier" contre son gré. La scène du snuff movie au Tier Four dans cet épisode est tirée d'un passage du livre de Glamorama dans lequel Victor Ward découvre lorsqu'il est à Paris un enregistrement vidéo d'un snuff movie mettant en scène deux hommes. Celui qui se fait tuer et émasculer est japonais, et c'est également le cas dans la scène du snuff de cet épisode. Il en va de même pour les scènes où Breeda met à mort plusieurs personnages et les dévore, bien que contrairement aux livres où les meurtres et cadavres sont décrits de tel sorte à provoquer le dégoût le plus total chez le lecteur ici ils sont subtiles, on voit assez peu les meurtres ainsi que les corps, nul doute qu'Ellis est mis cela en scène de façon volontaire. Les scènes sur la plage, les scènes d'orgie rappellent sans cesse Moins Que Zéro, le personnage de Logan fait aussi penser à celui de Rip qui sans états d'âmes aucun viole une enfant de 12 ans qu'il tue de façon horrible par la suite (tête et seins tranchés avec des cierges à leurs places...) Reste encore une fois à savoir dans la tête de quel(s) individu(s) nous nous trouvons, serait-ce Logan qui sombre complètement dans la schizophrénie et la paranoïa ? Ou est-ce un autre protagoniste ? Ou plusieurs d'entre eux ? Ou est-ce que nous assistons à quelque chose de réel mais avec des coups de folies ça et là ? Difficile à savoir mais la série reste bluffante et l'intelligence d'Ellis ainsi que les liens avec l'intégralité de son oeuvre ne sont plus à démontrer. Arrivée à ce stade de la série il me paraît plus qu'évident que moi-même je ne l'aurai pas comprise et l'aurait trouvé certainement plutôt très moyenne et incompréhensible si je ne connaissais pas l'oeuvre d'Ellis. En tout cas chapeau bas à Ellis, il excelle plus que jamais.