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À l’occasion de la 64e édition du Festival de Télévision de Monte-Carlo, nous avons rencontré le créateur Arndt Stüwe et l’un des comédiens principaux, Robert Stadlober, venus présenter la série allemande Hundertdreizehn (titre international : One Thirteen). Un drame choral ambitieux et mystérieux, centré sur un accident de bus qui bouleverse de nombreuses vies.
BetaSeries : Arndt, vous êtes le créateur et scénariste de la série, et Robert, vous êtes l’un des talents de cette histoire chorale. Ma première question s’adresse à vous, Arndt : de quoi parle la série, et pourquoi ce titre Hundertdreizehn ?
Arndt Stüwe : Hundertdreizehn raconte les conséquences d’un accident de bus à deux étages, un accident terrible sur une route interurbaine. L’accident influence de nombreuses vies, et chaque épisode suit le destin d’un personnage affecté. Chaque épisode est autonome, mais il y a aussi deux fils rouges : une enquête policière – dans laquelle Robert intervient – et l’histoire de la famille du conducteur. Le titre vient d’un article que j’ai lu il y a huit ans : une étude du ministère allemand des Transports estimait qu’un accident mortel affecte en moyenne 113 personnes. J’ai trouvé ce chiffre incroyablement élevé.
BS : Donc, ce n’est pas un numéro d’appel d’urgence ?
Arndt Stüwe : Non, pas du tout. On écrit le chiffre en toutes lettres, car certains m’ont demandé si c’était un numéro d’appel. Mais non, c’est un chiffre bien réel.
Robert Stadlober : Même si, peut-être, si notre série a du succès, Hundertdreizehn pourrait devenir un jour le numéro d’urgence trans-européen, qui sait ? (rires)
BS : Robert, dans le premier épisode, on découvre ce crash mais surtout les personnages. Quel rôle jouez-vous et êtes-vous une sorte de point de jonction entre tous ces destins ?
Robert Stadlober : Je joue Yann, un policier un peu particulier. Il connecte tous ces destins liés à l’accident. Il enquête sur l’affaire, bien sûr, mais il possède aussi un don : il peut ressentir des choses chez les gens que les autres policiers ne perçoivent pas. Il lit l’âme des victimes. Sa partenaire, Anna Goldman, a aussi un don : elle peut percevoir des choses dans les objets et possède un esprit analytique brillant. Ensemble, nous reconstituons les pièces du puzzle – comprendre pourquoi le crash s’est produit, mais aussi relier tous ces destins humains.
BS : Un duo complémentaire : l’émotion face à l’analyse. Et vous êtes celui qui comprend les personnages que l’on suit épisode après épisode. Chaque épisode se concentre sur une famille ou un personnage ?
Arndt Stüwe : Oui. Chaque épisode suit un groupe de personnages, avec une histoire complète. On continue aussi les deux lignes narratives de l’enquête et de la famille du chauffeur – qui cache un secret, en lien avec sa famille. Ce secret sera révélé à la fin. On essaie aussi d’entrelacer les personnages des différents épisodes. Parfois, ils sont simplement en arrière-plan comme des Easter eggs, parfois ils interagissent réellement, et s’influencent même. Le moteur de la série, c’est : nous sommes tous connectés.
BS : Donc c’est une série à mystères, mais aussi très humaine ?
Arndt Stüwe : Oui. Il y a des mystères dans chaque épisode. Par exemple, un personnage peut perdre la mémoire après l’accident et doit se reconstruire, se souvenir de ce qui l’a amené dans le bus. Les thèmes sont forts : la culpabilité, le pardon, le désespoir, la mort, l’amour. On condense tout cela à chaque épisode.
BS : Ce sont des sujets qui touchent, et qui captivent. Robert, qu’est-ce qui vous a attiré dans votre rôle et comment l’avez-vous façonné ?
Robert Stadlober : Ce qui m’a plu, c’est la manière dont Yann interagit avec les victimes. Il n’est pas comme les policiers classiques, bureaucratiques ou froids. Il est profondément humain. Je pense que la police gagnerait à avoir plus de gens comme lui. C’est ce qui m’a attiré.
BS : On a parlé un peu du genre, mais les grands thèmes de la série, ce sont la connexion entre les gens, le hasard, le destin ?
Arndt Stüwe : Oui. Mais aussi l’idée qu’après une tragédie, une perte ou un décès, quelque chose de nouveau peut naître. Ce n’est pas toujours un happy end, mais les personnages peuvent avancer, pardonner, se reconstruire. On voulait aussi des moments d’espoir, même très subtils – un sourire, une décision, une marche vers un avenir – pour contrebalancer l’intensité de la série.
BS : Le premier épisode est très prometteur et donne envie de voir la suite. On espère une diffusion européenne très bientôt. Et pour terminer, puisque nous sommes aussi une plateforme de recommandations, auriez-vous une série à conseiller ?
Arndt Stüwe : Je vais dire une évidence, mais Severance est pour moi l’une des meilleures séries de ces dix dernières années. J’en suis un grand fan, je me devais de la recommander.
Robert Stadlober : Moi non plus je ne vais pas être très original. Beaucoup de gens n’ont toujours pas vu The Wire. Je leur conseille de s’y mettre. Tout a commencé là.
BS : Merci beaucoup à tous les deux. On vous souhaite bonne chance pour la compétition, et à très vite pour de nouveaux projets.
Arndt & Robert : Merci beaucoup, à bientôt !