Je n'avais pas lu le lien en répondant, ayant la flemme avec du réseau pourri, j'ai juste lu les commentaires et j'avais un idée du contenu de la chose. Mais, accordez au moins ça aux Français, ils n'aiment (en fait) pas Plus Belle la Vie.
Après, ce commentaire n'est valable que dans le cadre du sondage, mais VivaMemo a bien souligné que c'était un peu n'importe quoi et probablement pas représentatif. Et puis, pour ce qui me concerne, je trouve qu'il y a pire que les séries crim' à deux balles que tout le monde regarde, et c'est tout ce qui est non scripté, qui fait de l'audience, et qui montre des "vrais gens". La téléréalité (heureusement, on n'est pas au fond du fond qu'atteignent certains shows américains), donc essentiellement SS, et les émissions de "talent". Parce qu'il y a vraiment un lavage de cerveau.
En théorie, ce devraient être les séries scriptées qui inspirent les gens (même si en l'occurrence c'est une bonne chose que ce ne soit pas le cas, vues les thèses revanchardes récurrentes au palmarès linké - encore que, malgré le grand trip vengeance de The Mentalist, sur les bords c'est une série qui se veut un minimum progressiste, je me rappelle un épisode où Jane expliquait à Van Pelt que, oui, les pédophiles sont des êtres humains. Et même si le mythe n'est jamais que celui d'un Sherlock Holmes bien coiffé, la logique déductive, le rationnalisme et la simplicité de Jane sont des choses plutôt positives à communiquer au grand public).
Mais ce que j'entends chez les gens qui regardent beaucoup la télé, c'est toujours cette admiration incroyable pour tout ce que la télé non scriptée essaie de mettre sur un podium. Le bourrage de crâne n'est pas politique, pas vraiment idélogique, il s'agit juste de deux mensonges (qui plus est, complètement contradictoires) :
- La réussite est toujours méritée. Déjà, les téléspectateurs que je connais ont un mal fou à croire que, non, le gagnant de la Nouvelle Star n'a pas une voix incroyable. Vivre avec la médiocrité, je comprends. Regarder des séries de merde en étant à moitié conscient qu'elles le sont, par intertie, parce qu'on n'a jamais été éveillé à l'art, c'est concevable pour moi. Mais la maquiller en talent, la vénérer, c'est un crime intellectuel grave.
Non seulement les fans font une erreur sur la plupart des "talents" qu'on leur présente, avec la dream story larmoyante, mais en plus, tout ce monde contribue à créer l'idée d'un "cercle" supérieur, celui des artistes confirmés. C'est l'autorité qu'incarnent les juges, et le Graal des candidats. En créant autant de désir et de fantasme autour de cela, on instaure une aristocratie d'établissement dans l'industrie de la musique (qui plairait beaucoup à Pascal, hormis la partie où la populace peut tenter d'y entrer - quoique, il se dirait que c'est une formidable façon de la maintenir docile en créant du rêve).
C'est nier la grande Condition du succès dans la vie : dans la plupart des domaines, pour réussir, il faut impérativement et sans négociation des quantités astronomique de travail, de talent et de chance. L'industrie de la musique est déséquilibrée en cela qu'il y faut plus de chance que de travail et de talent pour y réussir. Dans l'absolu, ça ne me gênerait pas d'imaginer que mon prochain réussisse en ayant moins travaillé que moi, ou en étant plus talentueux, ou simplement chanceux. Le problème est l'influence que ça a sur le public, et j'en viens au deuxième grand mensonge.
- Malgré l'illusion particulièrement efficace du talent que donne cette télé, elle réussit l'énorme tour de force de faire du même coup croire à toute une tranche de la population que la réussite est accessible à tous. C'est peut-être la chose la plus irrationnelle, la plus absurde qui soit dans notre société, mais tout en croyant au talent et au travail que l'on leur vend (qui sont en fait essentiellement de la chance) les gens sont effectivement persuadés qu'eux-même, sur un claquement de doigts, pourraient devenir Zidane, Lorie, et toutes les autres success stories qu'on leur agite sous le nez.
Et si tout cela, bien que basé sur un immense mensonge, avait réellement pour but d'enseigner aux jeunes que la réussite s'appuie essentiellement sur le talent et le travail (et que la chance n'est vraiment nécessaire que pour les carrières absolument fulgurantes dans le show-business), je n'aurais peut-être pas tant à en redire. Mais il se trouve que, justement, un autre immense mensonge de ce contenu est sur les voies du succès. JAMAIS à la télé, on ne montrera quelqu'un qui aura réussi parce qu'il a été sérieux à l'école puis s'est lancé dans de bonnes études où il a travaillé dur pour faire ce qu'il adorait. À la télé, la réussite passe toujours par un départ du système standard (école, études) pour "suivre son rêve", qui ne peut forcément pas être accompli dans les filières prévues par l'éducation française.
Elle entretient l'idée que les gens talentueux sont trop bons pour faire des études, et je suis intimement convaincu que la raison pour laquelle beaucoup font des études de merde (ou pas du tout) en France, est que beaucoup ne se rendent tout simplement pas compte que l'on eut faire des bonnes études. Ça commence par un blocage, sur les maths par exemple, au collège, et d'ici au lycée, quand ln se rend compte qu'il y a une vie pour les nerds après le lycée, et qu'elle peut être bien, il est presque trop tard, et on végète en attendant plus ou moins inconsciemment qu'un miracle du show business arrive, alors que l'espoir s'efface et que l'amertume vient prendre sa place.
On s'est jeté hors du système parce que la télé nous a fait croire qu'on prenait plus de risques en faisant des études "dures" (ce qui veut juste dire bonnes, les foirer ramène juste à des filières plus faciles vec un bon bagage - les risques existent mais ne sont pas ceux que l'on croit), là où, tranquillement installé dans son inqualification, on peut attendre sereinement de devenir prince ou princesse de la télé. MacDo est souvent un brutal rappel à la réalité.
Dernière édition le 20 septembre 2012 à 21:09
