Apagón : que nous reste-t-il après l’effondrement énergétique ? Une tempête solaire frappe la Terre provoquant une panne d’électricité générale. Dans cette nouvelle réalité s’entremêlent cinq histoires où des personnages luttent pour s’adapter à un monde sans électricité ni technologie. Ils devront faire face à leurs besoins, instincts et peurs les plus primaires. Movistar+ en Espagne sortait le 29 septembre dernier sa proposition la plus ambitieuse à ce jour, sa première série dystopique post-pandémique : une fiction de cinq épisodes découlant de l’expérience du COVID-19. Séries Mania 2023 le fait découvrir à un public français dans le Panorama international.
Ce qui ravage le monde d’Apagón rebaptisée Offworld pour son export à l’étranger, n’est pas une pandémie, mais une forte tempête solaire qui crée cette coupure de courant (le titre espagnol) partout dans le monde. Dans cette nouvelle normalité, les personnages de cinq histoires différentes luttent pour s’adapter à un monde sans électricité, sans moyens de communication et de transport. Si vous aimez les fictions dystopiques, il est probable que cette intrigue vous rappelle L’effondrement, une série française au format similaire, où chaque épisode est centré sur un personnage différent qui vit l’effondrement de la société française à un point temporel et géographique différent. On pourrait même citer aujourd’hui la récenteExtrapolations d’AppleTV+ qui propose une anthologie sur le thème écologique. Créé par le scénariste José Antonio Pérez Ledo, cinq épisodes sont donc à découvrir, mais ils ne sont pas encore disponibles en France.
En dehors de ces prémisses high concept, le principal attrait de la série sont ses créateurs. Dans Apagón, il y a un éventail de professionnels renommés, avec cinq réalisateurs pour cinq épisodes : Rodrigo Sorogoyen (Antidisturbios), Raúl Arévalo, Isa Campo, Alberto Rodriguez et Isaki Lacuesta. Dans chaque chapitre, chaque réalisateur présente sa vision de ce que serait une société dans laquelle le monde marcherait à l’aveuglette, prenant la panne de courant technologique et électrique comme lien. Ce format anthologique donne lieu à des épisodes très différents les uns des autres, de différentes intensités, qui brillent plus séparément que dans son ensemble, même si tous apportent une valeur ajoutée. Cela oui : malgré le manque de cohésion dans ce sens, on ne peut nier que Movistar+ n’a pas lésiné sur les ressources pour produire la série, et le saut qualitatif est remarquable. Et pour le casting ? Bien que cela puisse paraître surprenant pour une production de cette envergure, la plupart des acteurs ne sont pas spécialement des visages connus du grand public.
Au-delà des réflexions déjà connues sur la nature de la survie et comment les situations limites font ressortir le pire, mais aussi le meilleur, des personnes, la série tente de lancer un message écologique fort, où il rappelle au spectateur la fragilité de l’espèce humaine, en soulignant notre dépendance vis-à-vis des infrastructures technologiques et la façon dont notre existence repose, en fin de compte, sur les ressources naturelles que nous négligeons depuis un an. Ainsi, Apagón invite à explorer les contradictions des personnes en crise de grande envergure et à remettre en question le mode de vie actuel, que beaucoup d’entre nous conçoivent comme normal, même s’il est manifestement insoutenable sur le long terme…