Thrill Ride

Il devrait y avoir un warning "attention, cette série est tellement bien écrite qu'elle vous fera mal au cerveau, et que toutes les autres séries vous paraîtront pourries". A un moment, j'ai pensé à True Detective. La comparaison m'a dérangée, car je n'ai pas aimé cette série. Mais il y avait quelque chose, à un moment fugace, pendant la conversation entre le shérif et le père de George. L'accent, la nonchalance, les remarques sudistes à l'emporte-pièce, le fait que tout puisse être transposé à un contexte plus large. Mais là où True Detective faisait, à mon sens, fausse route, c'est qu'ils ne s'attardaient pas sur les personnages, juste sur les apparences ; l'intrigue biscornue et la violence racoleuse. En gros, tout l'inverse de Rectify, où l'intrigue avance d'un centimètre tous les douze épisodes, et où de toute manière on s'en fout, vu qu'il y a tellement de choses à ruminer rien qu'avec les petites vies de petits personnages. Ils m'ont tuée avec les parallèles entre Daniel et Teddy. C'était déjà un motif récurrent, mais là c'était volontaire, fréquent et ça rendait un peu fou. La conversation finale, en plein stalking de Tawney, avec le demi-frère, c'était un redux de la scène du golf, et nous laisser sur ça, c'est juste de la cruauté pure. Il y avait des détails tellement parfaits, dans cet épisodes. Des choses dont on se demande comment et pourquoi ils ont pu attendre aussi longtemps pour les évoquer : l'identité de Miss Kathy et le fait que Tawney soit une enfant placée explique tellement, tellement de choses dans son comportement (la scène finale également, en moins brise cœur, mais tout de même).

J'ai vraiment apprécié le passage trop court avec Tawney !

J'ai une impression de déjà vu quand je regarde Rectify à croire qu'ils tournent en rond ou ce n'est qu'une impression.

Cette troisième saison démarre décidément très, très bien. Tous les personnages, personnages principaux et seconds rôles, sonnent encore très juste -- des personnages taillés au couteau, au bord du gouffre, car trop humains. On retrouve dans ces deux premiers épisodes cette lenteur tout à fait délectable qui donne un corps très épais à l'ensemble. Il y a dans cette série une sorte de réalisme troublant qui fait frissonner. Les dialogues sont ciselés avec précision -- je pense, en particulier, ici à la scène entre Ted et Ted Sr, "When's the last time you talked to Mama", et les non-dits résonnent longtemps, brûlants et vibrants. Ainsi attend-on la suite, mais, sensation étrange, sans impatience, pour savoir comment vont se dénouer puis se renouer les différents fils.